Christian, éleveur à Romillé (Ille et Vilaine), se souvient :
« Dans l’ensemble, tout a bien fonctionné. Une construction de bâtiment de post-sevrage était engagée avant l’apparition de la crise, et tous les matériaux avaient été livrés sur place. Une chance ! De ce fait, les entreprises ont pu reprendre le chantier facilement. Chaque corps de métier a travaillé de son côté, en journée, sans se croiser, en respectant les consignes de sécurité sanitaire. Une fois les ouvriers partis, je m’attaquais aux aménagements intérieurs.
Côté élevage, nous y travaillons à deux. C’était donc assez facile de rester chacun dans sa partie, conformément aux habitudes. Nous avions déposé du gel hydroalcoolique à plusieurs endroits de l’élevage. Pour la gestion des cultures, nous avons chacun notre tracteur. Pour nos approvisionnements en matières premières, nous avons dû acheter un camion de soja à Lorient, pour remplacer une livraison non reçue de Montoir. Adaptation oblige !
Ce qui a changé par rapport à nos habitudes a été la visite quotidienne de notre père, de 78 ans, à qui nous avons demandé de ne plus venir. Pas simple ! Il a malgré tout compris la situation, ceci renforcé par le coma lié au covid-19 d’un proche de la commune. Finalement, nous disons que nous sommes heureux de vivre à la campagne et contents d’être paysans. Nous pensons aussi au relatif bien-être des personnes qui vivent recluses dans des appartements exigus, et ne pouvons nous empêcher de comparer avec le bien-être animal dont la société nous parle régulièrement. Cette situation de crise sanitaire appelle à réfléchir sur la condition humaine ! »