Yves-Hervé, éleveur à Guiclan (29)
« Dans l’équipe, nous avons abordé la situation du confinement avec méthode. Nous avons chamboulé notre organisation pour nous protéger, les 4 salariés et moi-même, ainsi que nos familles. Nous avons organisé une campagne d’affichage sur nos quatre sites d’élevages, nous avons appliqué les gestes barrières, porté des gants et des masques lorsque nous travaillions en équipe.
Après une semaine de confinement, mes collaborateurs ont souhaité faire cesser la pause du matin, pour ne plus nous retrouver ensemble, et courir le risque de la contamination. Nous avons pensé d’une manière globale. En prenant ces dispositions, nous avons voulu nous protéger mutuellement et nos familles que nous retrouvions après le travail.
Nous avons porté des masques FFP1, tous les jours. J’avais réussi à me réapprovisionner. Nous avons dédié du personnel sur chacun des sites, pour éviter là encore les croisements. Un véhicule d’élevage a aussi été affecté à chaque site, avec ses occupants réguliers. Il manquait une voiture, alors le tracteur ou le télesco a été utilisé ! Système débrouille !
Comme chef d’entreprise, mon organisation a aussi été déréglée. Évidemment, j’ai reçu et donné beaucoup de coups de fil, mais je ne recevais personne sur l’élevage, et je ne me déplaçais pas. Aucune visite, aucune réunion, aucun rendez-vous extérieur. Je travaillais, mais comme confiné au travail. J’ai constaté que l’ambiance était différente aussi. Nous restions distants les uns des autres, et malgré la confiance que nous avons les uns pour les autres, nous nous craignions, en raison de ce fichu virus. Cela dit, notre travail est resté le même. Nous avions en plus de l’élevage à suivre, les semis à organiser. Nous étions concentrés sur notre travail.
Globalement, le système habituel a bien fonctionné. Les flux étaient réguliers, nos animaux enlevés à temps. Nous avons eu cette chance en France. Du côté familial, les choses ont aussi bougé. D’ordinaire, je me retrouve seul le midi, à table à la maison. Mes enfants sont à l’école et mon épouse au travail à l’extérieur. Mon repas de midi est ma pause dédiée à la réflexion sur le travail de l’après-midi, du lendemain, de la semaine. Pendant le confinement, je me suis retrouvé à midi en pause familiale, avec un horaire de repas à respecter, et des enfants qui voulaient jouer plutôt qu’organiser mon travail ! C’était ainsi. Je me suis adapté et j’ai pris les avantages d’être proche de ma famille. En revanche, ils ne sont pas venus sur le tracteur ou voir les cochons. Ils sont restés confinés, à la maison, à la campagne, avec un jardin pour sortir et s’amuser sans attestation de déplacement dérogatoire. »